Jean-Michel MIRALLES

Mon propos est fondé sur un paradoxe. Le hasard maîtrisé, l’accidentel affirmé, c’est comme si le tableau voulait son autonomie et que constamment je le ramenais à ma propre volonté.  

Le travail se résume à des choix, à accepter, à refuser ce que me dit la matière posée sur la toile. L’idée de départ n’est que prétexte.  La matière n’est pas neutre, elle est saturée de vécu, de mémoire, c’est une chair vivante avec ou contre qui je me confronte. La réalité qui s’en dégage est capable, il me semble, de capter nos sensations les plus fugaces et les plus cachées, d’emprisonner nos regrets. 

Que la peinture soit figurative ou abstraite, elle est la volonté de donner une forme, de créer une évidence ; il n’y a pas de différence d’intention mais le même sentiment de se perdre à la poursuite de quelque chose. Dans ces jeux de tension, ces allers-retours entre figuration et abstraction, on peut découvrir et ressentir la liberté de créer une réalité nouvelle. Chaque tableau prend sa place et le détail devient signifiant d’unité.